Les abeilles naines rouges, aussi appelées Apis florea, suscitent aujourd’hui une attention particulière en Europe. Cette petite espèce originaire d’Asie du Sud-Est a été récemment détectée pour la première fois à Malte, déclenchant des inquiétudes quant à son impact potentiel sur les abeilles locales. Leur présence pourrait perturber les écosystèmes, en concurrençant les espèces indigènes et en transmettant des maladies. Face à cette menace émergente, il est essentiel de mieux comprendre ces abeilles, leur comportement et les risques qu’elles représentent, afin de protéger la biodiversité et l’apiculture européenne.
Table des matières
Que sont les abeilles naines rouges ?
Origine géographique et habitat naturel
L’abeille naine rouge, scientifiquement nommée Apis florea, est une espèce originaire d’Asie du Sud et du Sud-Est. On la trouve naturellement en Inde, au Sri Lanka, en Thaïlande, en Malaisie, jusqu’au Moyen-Orient, notamment en Iran et en Oman. Elle vit principalement dans les zones tropicales et subtropicales, où le climat chaud et humide favorise son développement.
Contrairement aux abeilles européennes (Apis mellifera), Apis florea ne construit pas ses nids dans des cavités. Elle préfère les emplacements ouverts, souvent sous les branches d’arbres ou les structures artificielles exposées, comme les rebords de toits ou les poteaux. Cela lui permet de réguler facilement la température du nid grâce à la ventilation naturelle.

Morphologie et comportement distinctif
Les abeilles naines rouges sont l’une des plus petites espèces d’abeilles du genre Apis. Leur taille ne dépasse pas 7 à 10 millimètres, ce qui les rend bien plus discrètes que les abeilles mellifères. Leur nom commun vient de leur couleur légèrement rougeâtre, qui est visible surtout au niveau de l’abdomen.
Elles se distinguent également par leur manière unique de construire leur nid : une seule galette de cire suspendue, exposée à l’air libre, sur laquelle toute la colonie vit. Ce rayon unique contient à la fois le couvain et les réserves de nourriture.
Leur comportement de communication est tout aussi particulier. Contrairement aux abeilles mellifères qui exécutent leur fameuse danse en rond à l’intérieur de la ruche, l’abeille naine rouge effectue sa danse sur la surface supérieure du rayon, directement exposée à la lumière. Cela indique une adaptation évolutive aux environnements ouverts dans lesquels elle vit.
Malgré sa petite taille, cette espèce est très agile, capable de s’adapter à différents environnements tropicaux. Elle butine surtout les petites fleurs et contribue activement à la pollinisation dans ses zones d’origine. Cependant, ses caractéristiques spécifiques pourraient poser problème si elle se développe dans des écosystèmes qui ne lui sont pas familiers.
Production de miel
L’abeille naine rouge produit du miel, mais en très petites quantités comparées aux abeilles mellifères. Il est souvent consommé localement dans les régions où elle est présente. Cependant, en raison de la petite taille de ses colonies et de son mode de nidification en rayons exposés, la production de miel n’est ni abondante ni commercialement exploitée à grande échelle comme celle des abeilles domestiques classiques.
Première apparition en Europe des abeilles naines rouges
Découverte de la colonie
En mai 2024, une colonie d’abeilles naines rouges a été identifiée pour la première fois en Europe, plus précisément sur l’île de Malte. Cette découverte a été faite par un apiculteur local intrigué par une colonie au comportement inhabituel. L’analyse morphologique puis génétique a confirmé qu’il s’agissait bien de l’espèce Apis florea, jusque-là inconnue sur le continent européen.
Cette colonie comptait plus de 2 000 individus, ce qui indique qu’elle s’était installée depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Elle était localisée à proximité d’un port, ce qui laisse penser que son introduction accidentelle pourrait être liée au transport maritime, par exemple via des cargaisons contenant des végétaux, des palettes ou des conteneurs.
Réactions des autorités et des scientifiques
Face à cette découverte, les autorités maltaises ont immédiatement ordonné la destruction de la colonie afin de prévenir toute propagation. Cette intervention rapide visait à limiter le risque d’implantation durable de cette espèce en Europe, où elle pourrait devenir envahissante.
Des chercheurs spécialisés en entomologie ont été mobilisés pour étudier les circonstances de cette apparition. Des tests ADN ont été réalisés pour mieux comprendre la provenance exacte de la colonie, et un plan de surveillance a été mis en place dans les zones à risque, notamment autour des ports et des entrepôts.
Des capteurs et pièges spécifiques ont été installés pour détecter d’éventuelles nouvelles colonies. Par ailleurs, les apiculteurs locaux ont été sensibilisés et invités à signaler tout comportement inhabituel ou toute colonie différente des espèces connues. Cette mobilisation témoigne de la vigilance croissante des autorités européennes face à l’introduction d’espèces exotiques.
Quels sont les risques pour la biodiversité locale ?
Concurrence avec les abeilles mellifères
Les abeilles naines rouges présentent un risque important de concurrence écologique avec les abeilles mellifères locales, notamment Apis mellifera. Bien qu’elle soit plus petite, Apis florea exploite les mêmes ressources florales pour le nectar et le pollen. Dans un environnement où les fleurs sont disponibles en quantité limitée, cette cohabitation peut réduire la disponibilité de nourriture pour les colonies d’abeilles européennes.
En outre, Apis florea a un comportement de butinage très efficace. Elle est active même à des températures élevées où certaines espèces locales deviennent moins productives. Si elle parvenait à s’installer durablement, elle pourrait déséquilibrer les dynamiques locales de pollinisation et nuire à la viabilité des ruches traditionnelles, en particulier dans les zones urbaines ou semi-arides où les ressources sont déjà faibles.

Transmission potentielle de maladies et parasites
Une autre source d’inquiétude concerne la santé des colonies locales. Les abeilles naines rouges peuvent transporter des agents pathogènes ou des parasites inconnus en Europe. Même si l’espèce elle-même n’est pas agressive, elle pourrait jouer un rôle de vecteur dans la diffusion de virus, bactéries ou acariens, notamment le tristement célèbre Varroa destructor, responsable de lourdes pertes chez les abeilles mellifères.
Il est également redouté que les abeilles naines rouges puissent héberger des micro-organismes auxquels les espèces européennes ne sont pas adaptées. Cela pourrait entraîner l’émergence de nouvelles pathologies ou affaiblir encore davantage les ruches déjà fragilisées par les pesticides, le dérèglement climatique et la perte de biodiversité.
Menace invasive : un scénario possible ?
Les scientifiques considèrent Apis florea comme une espèce à fort potentiel invasif. Sa petite taille, sa capacité d’adaptation rapide et son mode de nidification simple lui permettent de s’implanter facilement dans des milieux ouverts, y compris les zones urbaines. Contrairement aux abeilles mellifères, elle ne dépend pas de cavités pour installer ses colonies, ce qui multiplie les lieux potentiels de nidification.
En Asie, l’abeille naine rouge a montré qu’elle pouvait coloniser de nouveaux territoires en peu de temps, notamment en suivant les axes humains comme les routes, les plantations agricoles ou les ports. Si elle venait à se répandre en Europe, elle pourrait s’y établir durablement dans les régions méditerranéennes, où les conditions climatiques lui sont favorables. Ce scénario obligerait les autorités à renforcer les mesures de biosécurité et les protocoles de surveillance pour éviter une invasion silencieuse.
Que faire face à cette menace émergente ?
Suivi scientifique et recherches en cours
Face à la découverte d’abeilles naines rouges en Europe, la communauté scientifique a intensifié ses efforts pour mieux comprendre cette espèce et évaluer son potentiel invasif. Des programmes de recherche sont en cours pour étudier son comportement, sa biologie, ainsi que son interaction avec les espèces locales. Ces travaux incluent la cartographie de son éventuelle dispersion et l’analyse génétique pour identifier l’origine des populations introduites.
Les chercheurs collaborent avec les autorités environnementales et les apiculteurs pour mettre en place un réseau de surveillance efficace. Ce dispositif repose notamment sur des pièges spécifiques installés dans les zones sensibles comme les ports, les zones urbaines et les espaces agricoles, où la probabilité d’introduction est élevée.
Mesures de prévention à mettre en place
Pour limiter la propagation des abeilles naines rouges, plusieurs mesures de prévention sont recommandées. Tout d’abord, un contrôle strict des importations de marchandises, surtout celles susceptibles de transporter des insectes ou des matériaux utilisés par les abeilles pour leurs nids, doit être renforcé. Ces contrôles concernent notamment les cargaisons de bois, de plantes ou de fruits.
Par ailleurs, les ports et les zones de transit sont des points névralgiques où une vigilance accrue est nécessaire. La formation du personnel portuaire à la reconnaissance de cette abeille et la mise en place de protocoles d’alerte rapide sont des éléments clés pour une intervention précoce.

Rôle des citoyens dans la détection
Les citoyens, apiculteurs comme simples observateurs, jouent un rôle crucial dans la détection rapide de nouvelles colonies. Il est important de connaître les caractéristiques de l’abeille naine rouge pour pouvoir la reconnaître : petite taille, coloration rougeâtre, nid à un seul rayon exposé.
Les personnes qui repèrent une colonie suspecte sont encouragées à la signaler aux autorités locales ou aux associations d’apiculture. Cette participation active contribue à cartographier la présence éventuelle de l’espèce et à déclencher rapidement les actions de contrôle nécessaires pour éviter une dissémination incontrôlée.
Conclusion
L’abeille naine rouge, bien qu’intéressante par son comportement unique et sa petite taille, représente une menace potentielle pour les écosystèmes européens. Sa récente apparition à Malte alerte sur les risques d’introduction d’espèces exotiques pouvant perturber la biodiversité locale, concurrencer les abeilles mellifères et transmettre de nouveaux parasites. Une vigilance accrue, associée à la collaboration entre scientifiques, autorités et citoyens, est essentielle pour limiter sa propagation. La prévention et la surveillance restent les meilleurs moyens de protéger nos abeilles et garantir l’équilibre fragile des pollinisateurs en Europe face à cette nouvelle espèce invasive.
FAQ
Comment reconnaître les abeilles naines rouges ?
Les abeilles naines rouges sont très petites, mesurant environ 7 à 10 millimètres. Elles ont une couleur rougeâtre visible surtout sur l’abdomen. Leur nid est une seule galette de cire suspendue, souvent exposée à l’air libre.
Les abeilles naines rouges sont-elles dangereuses pour l’homme ?
Non, ces abeilles ne sont pas agressives envers les humains. Leur piqûre est rare et moins douloureuse que celle des abeilles mellifères. Elles se concentrent principalement sur la recherche de nectar et de pollen.
Où trouve-t-on les abeilles naines rouges en Europe ?
À ce jour, elles ont été détectées principalement à Malte, près des ports. Leur présence est encore limitée, mais les autorités surveillent étroitement leur éventuelle dispersion. Elles pourraient s’implanter dans d’autres régions méditerranéennes si elles ne sont pas contrôlées.
Pourquoi les abeilles naines rouges sont-elles considérées comme une menace ?
Elles peuvent entrer en compétition avec les abeilles mellifères pour la nourriture, ce qui peut affaiblir les colonies locales. De plus, elles risquent de transmettre des maladies et parasites inconnus en Europe. Leur capacité à s’adapter rapidement favorise leur potentiel invasif.
Que faire si je repère une colonie d’abeilles naines rouges ?
Il est conseillé de ne pas toucher la colonie pour éviter tout dérangement. Vous devez signaler immédiatement sa localisation aux autorités locales ou à une association d’apiculteurs. Cela permet une intervention rapide pour limiter la propagation de l’espèce.